In Memoriam John E. Scott.
Nous avons reçu la nouvelle de la disparition de notre ami John Scott par un courriel envoyé par François Maquart de Reims, lui-même informé par Peter Bruckner, le rédacteur en chef de Matrix Biology, à la suite d’un message de John Scott Junior. Lors de son décès John avait 81 ans. Notre amitié remonte à une cinquantaine d’années, c’était en faisant des longueurs dans la piscine d’un hôtel à Swampscott, près de Boston, lors d’un colloque organisé par notre ami Bandi Balazs sur les glycoconjugés d’intérêt biologique, dont ceux des tissus conjonctifs. John, assis au bord de la piscine m’a interpellé, j’ai arrêté de nager et nous nous eommes rapidement impliqués dans une discussion sur ce qui était encore les mucopolysaccharides acides, son sujet de recherche au cours des décennies à venir. Nous nous sommes revus régulièrement, le plus souvent chez nous à Paris, parfois chez lui, d’abord dans son village près de l’aéroport Heathrow, ensuite à Manchester, devenu « sa ville », où il s’est éteint récemment.
Il a débuté dans un hôpital militaire, le Canadian Red Cross Memorial Hospital, important pendant la dernière guerre, dans le laboratoire du Service de Rhumatologie, déjà intéressé qu’il était par le rôle du tissu conjonctif dans ces pathologies. Officier pilote dans la Royal Air Force, après la dernière guerre, John était capable de reconnaître la marque des avions au seul bruit de moteur lors de leur descente sur l’aéroport d’Orly, près de notre résidence au cours des années 1960 – 1970, où nous avons souvent déjeuné ensemble.
Très tôt John s’est spécialisé dans l’étude des polysaccharides appelés à l’initiative de Balazs et Jeanloz dès la fin des années 1960, glycoaminoglycannes ou GAG-s. Il a publié un nombre important d’articles, souvent dans la revue britannique Biochemical Journal, ainsi que dans d’autres revues de même niveau. Les travaux de John sont tous d’une originalité et d’une qualité exceptionnelle.
Mentionnons ici seulement quelques-unes de ses découvertes importantes. En premier la mise au point d’une méthode d’identification histochimique sélective des différents GAG-s à l’aide d’un colorant, le cupromeronic blue qu’il a synthétisé. En augmentant progressivement la force ionique du milieu en présence de détergent d’ammmoniums quaternaires, on peut séparer les différents GAG-s en solution mais aussi en histochimie et en microscopie électronique, méthode largement utilisé à travers la communauté scientifique. Un autre travail important a été la démonstration du site d’interaction entre les fibres de collagène et les glycosaminoglycannes. La précision de ces interactions est importante pour l’élasticité du cartilage. Elle est aussi une des conditions de la transparence de la cornée, riche en fibres de collagène et aussi en glycosaminoglycannes.
Plusieurs autres travaux cités dans ses livres, interviews ou sa bibliographie accessible sur PubMed, et en particulier dans le livre publié récemment par Endre A. Balazs et le couple Hargittai sur les chercheurs spécialisés dans l’étude de l’hyaluronane –lui ont valu de nombreuses distinctions. Ses travaux restent d’une actualité scientifique bien après leur publication. John a été un excellent conférencier, régulièrement invité pour des exposés à des colloques. Nous avons fait appel à lui pour être rapporteur de thèses ou pour participer à l’enseignement organisé au niveau postdoctoral. John était un hôte intéressant lors de nos visites à Manchester, ville qu’il connaissait et aimait tout particulièrement. John a été un des initiateurs de la fondation du Club Anglais des Mucopolysaccharides, qui, avec le Club du Collagène a donné naissance à la Société Anglaise des Tissus Conjonctifs. En 1967 la Société Française des Tissus Conjonctifs, présidé alors par Albert Delaunay, avec moi comme secrétaire et Suzanne Bazin comme trésorière, a invité les deux clubs anglais ainsi que Klaus Kühn comme représentant des chercheurs allemands de cette spécialité – il n’y avait pas encore de Société Allemande – pour fonder la Fédération des Sociétés Européennes des Tissus Conjonctifs (FECTS) qui se réunit depuis tous les deux ans. John, avec ses collègues anglais, dont John Dingle, devenu le directeur des Strangeways Research Laboratories à Cambridge, ainsi qu’avec Alen Bailey de Bristol, le premier Colloque de la FECTS à Cambridge, l’été 1968, en plein effervescence révolutionnaire à Paris, dans le prestigieux Trinity College, avec des participants de bien au-delà de l’Europe, des Américains, des Japonais. Par la suite John Scott est resté un co-organisateur zélé de ces réunions, une figure scientifique familière et sympathique à travers le monde scientifique international.
Nous ne l’oublierons certainement pas…
L. Robert, Paris
Références à une interview biographique et des livres édités par J. Scott :
Interview avec John Scott, pp 298 – 327 dans :
Hyaluronan – From Basic Science to Clinical Applications
Endre A. Balazs, General Editor
Volume 1
Conversations with Hyaluronan Scientists
Magdolna Hargittai and Istvan Hargittai
PubMatrix
Edgewater, New Jersey, 2011
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KERATAN SULPHATE
Chemistry, Biology, Clinical Pathology
A meeting held in Vaalsbroek, August 1988
Edited by Helmut Greiling University of Technology, Aachen, FRG
and John E. Scott Victoria University of Manchester, UK
LONDON: THE BIOCHEMICAL SOCIETY 1989
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Dermatan Sulphate Proteoglycans
Chemistry, Biology, Chemical Pathology
Edited by John E. Scott
Portland Press
London and Chapel Hill 1993